jeudi 22 mai 2014

De Binic à Saint-Malo

Binic, c’était super sympa. Mais il s’agit d’un port à seuil : nous ne pouvons en sortir que lorsque la marée est suffisamment haute. Or, le courant est favorable pour aller vers l’Est lorsque la marée monte… Il en est de même lorsque nous nous échouons. Bref, pour aller plus loin vers l’Est, il nous faut un mouillage en eau profonde : nous le trouvons 3 miles à l’Ouest : Saint-Quay-Portrieux, que nous avions « snobé » en allant vers Binic.
Lundi 19 mai, nous effectuons cette toute petite navigation, sur une mer plate. Comme nous le pensions, le port n’est pas particulièrement attractif, mais il est fort pratique (Daniel a même pu y obtenir un rendez-vous chez un dentiste) ! Et comme Martine et Alain nous y rejoignent, nous passons une excellente journée…
Et le lendemain, nous pouvons partir aux aurores (6h40) vers l’Ouest, portés par les courants. Un peu plus de 30 nautiques sous un ciel un peu lourd, mais au portant : agréable, passant le Cap Fréhel, la Pointe de la Latte et son château-fort du XIII° siècle. Nous avons annoncé notre arrivée au port de Saint-Briac, et on nous y attend. La situation du port est similaire à celle de Port-Blanc : « en saison », les voiliers de notre taille sont reçus dans un mouillage en eau profonde assez loin de la ville et moins bien protégé. Mais il n’y a pas encore grand monde : nous sommes placés entre plusieurs corps-morts non occupés prévus pour de plus petits bateaux de faible tirant d’eau. Ceci qui nous permet d’éviter indépendamment de nos voisins. Et nous en profitons ! L’estran est magnifique, le village sympa de même que la portion du GR 34 qui y passe et les personnels du port ainsi que les plaisanciers présents dont fort accueillants.  Nous décidons même d’y passer une deuxième nuit…
St Briac
St Briac
Nous attendons depuis plusieurs jours que les coefficients de marée diminuent, afin de pouvoir nous diriger vers les îles de Chausey. Ils ont bien diminué, mais une dépression orageuse s’est installée, et apparemment durablement : pas bon pour se rendre dans un archipel peu protégé. Nous décidons donc de nous diriger jeudi vers Saint-Malo. Départ en fin de matinée avec la fin de marée montante sous une éclaircie entre deux nuages noirs, et cheminement entre les cailloux pendant une grande heure : chenal de Saint-Briac, chenal de l’île d’Agot, chenal de Saint-Lunaire et Passe du Décollé. Guère plus de 7 nautiques mais de nombreuses balises. Le vent est très instable, mais portant et comme il vient du Sud , la mer est plate : un plaisir !
St Malo
Pour accéder au Port Vauban, il nous faut passer une écluse : une attente de ½ heure nous est annoncée à la radio VHF. Cela tombe bien : il est l’heure de déjeuner. Et aux pieds des remparts, c’est plutôt sympa. Eclusage sans problème, mais sous un ciel qui se charge et un grain qui nous cueille au moment de nous amarrer : nous tournons quelques minutes et, Eole se calmant nous nous amarrons sans difficulté. Sieste pendant qu’un orage impressionnant passe : nous sommes prêts à aller visiter la ville !
Bassin Vauban à St Malo

dimanche 18 mai 2014

De l’île de Bréhat à Binic

Notre trajet n’a pas été en ligne directe : vendredi 16 mai vers l’Ouest pour tenter de voir des amis et le lendemain vers l’Est !
Nous avons d’abord tenté de mouiller à Port-Béni une petite anse à l’entrée de la rivière de Tréguier. Nous savions que c’était risqué pour nous échouer mais qui ne risque rien… Nous étions effectivement protégés des vents, mais la houle n’aurait pas permis un poser confortable. Un pêcheur local a de plus exprimé des craintes sur la qualité des fonds : nous avons effectué une retraite mesurée et continué notre route vers l’Ouest (la marée et ses courants ne nous donnaient pas le choix) et l’anse de Port-Blanc !
L'échouage à Port Blanc
Port-Blanc pour qui aime l’estran est extraordinaire : à marée basse la mer découvre une surface impressionnante de sable, de vase et de cailloux, dans un paysage varié. C’est un lieu idéal pour l’échouage et nos premières heures sur place ont été magnifiques, avec un échouage aisé et une belle ballade sur l’estran pour repérer d’autres possibilités d’échouage. Mais un fâcheux a décrété dans la soirée que la place d’un « voilier » de la taille du nôtre n’avait qu’une place : en pleine eau, sur une bouée exposée au clapot et loin des lieux de débarquement… Grosse déception !
Pas question de rester dans ces conditions à Port-Blanc. Samedi nous attendons 14h00 que le courant nous emmène vers l’Est : les vents sont très faibles, mais cela ne nous empêche pas de faire une bonne moyenne. Après Bréhat, nous dépassons même la vitesse sur le fond de 10 nœuds, alors que le moteur ne nous propulse pas à plus de 4,5 nœuds : près de 6 nœuds de courant, donc autant que la vitesse moyenne du bateau. Nous vérifions ainsi qu’un bon calcul de marée est indispensable dans la zone ! A 21 h, nous arrivons à Binic, un port à seuil (dont l’accès ne peut se faire que lorsque le niveau de la mer est suffisamment haut). Samedi soir, l’ouverture avait lieu entre 20 et 23 h : super ! L’accueil y est excellent, l’ambiance sympathique, la ville accueillante et offrant les services dont nous avons besoin. Une belle ballade nous permet de visualiser l’importance du marnage (différence de 10 mètres en ce moment entre marées haute et basse). Du haut de la plage à la mer à marée basse il y a au moins 1 km et sans doute plus !
Binic avec sa nouvelle porte...



jeudi 15 mai 2014

De Port la Forêt à Bréhat

Cette année, nous avons choisi une destination proche : la Manche. Cornouaille britannique, îles anglo-normandes et un pays que nous regrettons de mal connaître : la Bretagne Nord.
Pour la première semaine, c’est le grand confort : Olivier qui envisage l’achat d’un voilier RM a cherché un embarquement, et nous l’avons accueilli avec plaisir. 3 à bord, cela facilite les manœuvres !
Départ de Port-la-Forêt le jeudi 1° mai sous le crachin, mais avec un bon vent. Nous rejoignons le pays bigouden au près et arrivons à temps pour embouquer la rivière d’Audierne : nuit calme. Lever matutinal le lendemain pour profiter du début de la marée descendante et quitter Audierne pour une attente de 2 heures à Sainte-Evette que le courant soit favorable pour passer le Raz de Sein. Deuxième départ de la journée vers 11h00, passage toujours en tirant des bords dans le Raz : facile ! Et cap sur le chenal Nord-Sud qui nous mène au port de l’île de Sein. Certes, le vent y sera défavorable (du Nord), mais il n’est pas très fort et nous avons grande envie de revisiter l’île… La nuit est donc un peu agitée, mais qu’importe : un dauphin de 4 mètres nous y a accueilli, s’est frotté contre la chaîne qui relie PikouRous à son ancre, et n’a pas ménagé son temps. Du grand spectacle…


Samedi nous repartons avec un tout petit vent portant : le spi asymétrique s’impose.  Belles heures de navigation jusqu’à ce que le vent tombe tout-à-fait et que nous lancions le vent « Volvo » jusque devant Lampaul sur l’île de Ouessant. Douche à l’eau froide (mais payante) car le chauffe-eau n’est pas branché : la saison n’est visiblement pas commencée !
C’est encore au près, mais sous le soleil que nous rejoignons dimanche l’île de Litiri dans l’archipel de Molène : c’est un de nos coins favoris, malgré le courant qui complique quelque peu la manœuvre de départ… Une navigation entre les îlots de l’archipel, puis sous spi symétrique (nous avons aéré toutes nos voiles !) nous permet d’atteindre dans la soirée l’Aber Ildut.
 Là, c’est le vent de travers qui complique la manœuvre d’amarrage : dans le courant, il est prévu que nous nous amarrions sur l’avant et l’arrière du bateau (embossage), sur 2 bouées reliées entre elles par des bouts. Ces bouts sont généralement soutenus par des flotteurs pour éviter de les prendre dans l’hélice ou, pour un biquille, entre les 2 quilles. Mais Lanildut en a fait l’économie : s’en suit une bataille d’une bonne heure ! Mais la lumière y est magnifique.
Lundi et un vent soutenu avec rafales à 30 nœuds (mais portant) nous conduisent à l’Aber Wrac’h. La vitesse est limitée dans le chenal d’accès à 5 nœuds, mais vous nous excuserez, avec 2 ris et la trinquette nous volons à 8 nœuds… Et l’eau des douches est chaude.
Mardi 6 mai, le vent est faible et nous avons droit à quelques averses : nous sortons de l’Aber Wrac’h par le chenal de la pendante, avec voile et moteur, puis montons le spi symétrique. 5 ou 6 dauphins communs nous accompagnent pendant une bonne heure.
Le vent monte à l’approche du chenal à terre de l’île de Batz, et sous trinquette que nous l’empruntons, avec beaucoup de précautions car il y a juste ce qu’il faut d’eau sous les quilles. Au nouveau port de plaisance de Roscoff, c’est le grand luxe, et comme les installations ne sont pas encore terminées nous bénéficions même d’un demi-tarif !
Le rythme de la marée (et donc la direction des courants et les heures d’ouverture des ports à flot) nous permet d’aller au marché mercredi matin, et même à la crêperie. Nous découvrons les oignons de Roscoff : un régal ! Et nous repérons le port d’échouage pour un prochain passage. L’après-midi nous offre un bon vent portant pour rejoindre Trébeurden ; la houle se fait sentir : le génois sans grand voile se montre très confortable. Nous retrouvons au port l’équipage de Ovento, un autre RM 10.50 en partance pour le Sud.
A Trébeurden aussi l’eau des douches est chaude, mais il faut s’y rendre sous la bruine. Les conditions de mer et de vent sont semblables à celle de la veille : nous adoptons les mêmes réglages pour rejoindre Ploumanac’h sur la côte de granit rose. Le cheminement dans le chenal d’accès est aussi beau que dans notre souvenir, et l’embossage se passe sans difficulté : les bouts entre les bouées sont munis de flotteurs. Notre promenade est un peu « humide », et nous sommes aussi tristes de débarquer notre équipier…

Ploumanac’h vaudrait bien une visite plus longue, mais un coup de vent est annoncé et nous préférerions le passer dans un port plus « confortable ». Nous repartons donc vaillamment le lendemain, vendredi 9 mai, toujours sous un temps gris, mais sec… Et sans équipier. Pas question de monter la grand’voile dans le chenal, très étroit, c’est donc exposés à une bonne houle que nous le faisons… ou tentons de le faire : la drisse est mal passée et lorsque Daniel essaie de la refrapper une vague le déséquilibre. La drisse s’échappe et pas question de la rattraper compte-tenu des mouvements du bateau. Tant pis, le vent est soutenu et portant, et la distance à parcourir peu importante : nous ferons sans grand’voile… Les rafales sont même montées à 30 nœuds lorsque nous arrivons à l’embouchure de la rivière de Tréguier : le calme de la rivière crée un changement net, et le port de Tréguier où nous nous amarrons sous le soleil nous propose tout le confort nécessaire : pontons, ville historique et commerçante, laverie, GR 34 et balades le long de la rivière de Guindy.
Le Guindy
Le port de Tréguier
Compte-tenu des horaires de marée nous ne quittons Tréguier que lundi 12 mais en début d’après-midi. Le vent est encore un peu fort, mais maniable et nous envie de bouger ! Nous avons eu le temps d’étudier attentivement les cartes, les courants, et les hauts-fonds et avons décider de sortir par le chenal de la Gaine, de faire le tour de sillon de Talbert, pour nous approcher de Paimpol par le chenal de Denou. Une virée de 24 nautiques seulement, mais pendant laquelle il faut rester attentif à tout instant. Le courant courant apporte à notre route jusqu’à 20 et même 30 degrés de dérive, mais c’est super ! Jusqu’aux 2 derniers nautiques à parcourir sur des hauts-fonds, au moteur et face au vent toujours soutenu… L’écluse du port de Paimpol est bien ouverte et nous nous trouvons une petite place dans le port plutôt bien rempli !
Le chenal de Paimpol
 Mardi est jour de marché (nous nous offrons 2 petits homards) et une belle balade nous permet de visiter l’abbaye de Beauport. Mercredi matin, il faut partir tôt pour passer l’écluse dans l’autre sens, si bien qu’à 10 heures, nous sommes déjà mouillés dans l’anse de la Corderie à Bréhat ! Après un brin de navigation toujours aussi précise entre les hauts fonds… Nous avons échoué une première fois à la Corderie avec l’association des Voiliers RM et en avons gardé un excellent souvenir. Et cette 2° expérience est du même niveau. Beaucoup de soleil (malgré un vent frais), un posé du bateau sur le fond de vase ferme particulièrement souple, des chemins que nous arpentons en tous sens pour profiter des paysages magnifiques que couvre et découvre la marée… Et compte-tenu de la date, nous sommes les seuls plaisanciers dans la baie : super ! Ces conditions valent bien d’y passer deux nuits…
Bréhat : le moulin

Pikourous à la Corderie
Bréhat
Même la pêche à pied à marée basse a été bonne : un plomb de pêche tout neuf, deux petites poulies reliées par un bout, une cuiller à soupe en bon état et une flèche !
Pikourous à la Corderie